Nous le rencontrions parfois venant de la rue du Dragon, où il demeurait, sur le Boulevard Saint-Germain où le Cercle Aliénor tient ses réunions à la Brasserie Lipp. C’était une émotion intense que d’approcher cet homme de théâtre, immense et pourtant d’une telle vérité, pour ceux qui avaient eu la chance de suivre son itinéraire, au moins depuis « Tête d’Or », mis en scène par Jean-Louis Barrault, à l’Odéon, jusqu’au « Philoctète » dans un texte de Jean-Pierre Siméon, sur la même scène. Exemplaire aussi pour les générations nouvelles qui ont découvert le comédien brisé par la vie et la maladie mais transfiguré par la passion du texte et de la scène et par ce don exceptionnel de communiquer au public le sens de la beauté.
Lorsque j’ai proposé, il y a deux ans, une séance de notre Cercle sur le thème « Théâtre et Poésie » c’est vers lui que se tournait ma pensée. Nous gardions, comme trésor, après une présentation de Rilke, l’évocation de l’œuvre poétique de Milosz au Lucernaire, au tout début des années 80. Impossible de surpasser en intensité, en clarté, en émotion cette offrande à trois voix de la haute parole du poète. Pour cette composition dramatique intense, Pascale de Boysson et Claude Aufaure étaient là, tout naturellement, en fervente complicité avec Laurent Terzieff.
Pour l’entretien avec Bruno Doucey au Cercle Aliénor, nous avions sollicité Claude Aufaure, qui jouait à ce moment « L’Habilleur » et a d’emblée relevé le défi et l’exigence.
« Point de Théâtre sans Poésie » aimait à dire Laurent Terzieff. Il confiait dans une interview accordée à Laurence Liban « L’essentiel nous est caché et ne peut se révéler par l’intuition poétique ».
Cette vie consacrée au partage et au don en aura été la preuve lumineuse.
Maurice Lestieux
le 3 juillet 2010
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