Ce samedi 14 février le Cercle Aliénor,
présidé par Béatrice Marchal a reçu Claire Daudin, Présidente de l'Amitié Charles Péguy.
Ancienne élève de l’E.N.S, agrégée et docteur en Lettres modernes,
Claire Daudin enseigne à l'Institut Albert Le Grand à Angers. Écrivain,
elle a publié en 2006 Dieu
a-t-il besoin de l'écrivain ? (Cerf). Elle a reçu le Grand Prix catholique de Littérature 2010 pour son roman Le Sourire
(Cerf). En 2011 sont parues ses Dernières nouvelles du Christ (Cerf) ainsi que Le rendez-vous de Moissac (Actes Sud). Enfin elle a publié de
nombreux articles et essais sur Péguy comme Comprendre Péguy (ed Max Milo, 2013) et enfin a dirigé la publication de Charles Péguy, Œuvres poétiques et dramatiques dans la
collection Bibliothèque de la Pléiade (nº60) chez Gallimard en 2014.
Sa présentation a porté sur Péguy poète. Elle a donc tenté pour
les amis du Cercle Aliénor d'analyser la dynamique de l’écriture de
Péguy qui oscille de la prose aux vers libres avant
de s'astreindre aux vers réguliers. Elle situe justement la poésie de
Péguy dans l’espace de ce passage entre genre. Cela a conduit Claire
Daudin à revenir sur les idées reçues qui entourent la
réception des écrits de Péguy. Elle souligne la difficulté et la
nécessaire remise à plat de son œuvre aujourd'hui, 100 ans après sa
mort. En effet, celle-ci étant en grande partie
posthume, les différents éditeurs ont cloisonné, découpé ses textes,
rajouté des titres. Tout cela a conduit à une lecture biaisée et
parfois partisane de Péguy. Face à cela elle affirme, grâce à
son travail de recherches minutieuses pour l’élaboration de
l'édition de l'œuvre complète, la fidélité du poète à ses valeurs et
ainsi la dimension civique de sa poésie.
Aussi dans cette volonté d'être utile, de porter la voix du peuple, Péguy fonde la revue Les cahiers de la Quinzaine.
Il consacrera tout son temps et son énergie à cette revue qu'il anime
et publie laissant de côté l'écriture de
textes plus personnels. Ce n'est qu'au tournant des années 1910 que
l'écriture poétique fait son retour dans l’œuvre de Péguy. Celle-ci
trouve sa source dans la culture populaire, la chanson, son
univers d'enfant - sa mère était rempailleuse de chaises et son père
menuisier. Le surgissement de cette voix poétique survient alors que
l'homme est malade et torturé par son amour inattendu
pour Blanche Raphaël. De ce combat intérieur sortiront plusieurs
textes dont [Véronique] Dialogue de l'histoire et de l’âme charnelle
en 1909 et surtout toute une série de quatrains qui
ne seront publiés que de façon posthume. Ceux-ci au rythme bien
marqué 6/4 apparaissent comme la pulsation d'un cœur qui se décharge de
cette morsure de la passion.
Claire Daudin nous a ensuite présenté Les mystères de Péguy poète. Ils sont au nombre de trois Mystère de la charité de Jeanne d'Arc, Le porche du mystère de la deuxième
vertu, Le mystère des Saints Innocents. Dans ces textes apparaissent de nombreux vers mais encore entremêlés d'artifices théâtraux ou romanesques.
Enfin Péguy se lance dans la conquête de l'alexandrin avec sa trilogie de Tapisseries
envisagées comme une véritable ascèse poétique. Son vers corseté
imprime une cadence afin de mener
son lecteur dans un souci de faire peuple. Ainsi apparaît la figure
de la procession. Le poème est à offrir, il n'est pas égoïste, il se
présente au peuple, le rassemble pour le mettre en marche.
Enfin après cette brillante présentation les membres et amis du
Cercle ont pu poser leurs questions - Péguy quel écho aujourd'hui?- et
discuter librement de cette poésie qui met en marche.
Je vous laisse donc avec ce vers de Péguy introducteur du Mystère de la deuxième vertu: La foi que j'aime le mieux, dit Dieu, c'est l'espérance.
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