Olivier KRAFFT, fils du fondateur du « Cercle de poésie et d'esthétique Aliénor-Jacques Krafft » est décédé le 2 juin dernier à Paris. Nous le savions gravement malade et nous admirions son courage et la force de caractère qu'il lui fallait pour venir,ces derniers temps, à nos réunions et conférences, ainsi qu'à la remise du Prix..
Plusieurs d'entre nous étions présents le 7 juin à la cérémonie religieuse de ses obsèques, auprès de Guislaine Krafft et de la famille. Une gerbe a été déposée au nom de ses amis du Cercle Aliénor.
Né en 1926 à Paris, Olivier KRAFFT était Docteur en Droit et Licencié es Lettres.
Avocat au Barreau de Paris depuis sa prestation de serment en 1950, il avait intégré la Magistrature après plus de trente ans au Barreau. Magistrat honoraire, il était chevalier dans l'Ordre National du mérite.
Parallèlement à ses compétences juridiques et à ses fonctions judiciaires, Olivier Krafft, homme d'une vaste culture et d'une grande érudition, manifestait de hautes préoccupations littéraires.
Il était l'auteur de plusieurs ouvrages remarqués et réédités, tels « La politique de Jean-Jacques Rousseau : aspects méconnus » (1989) ou « Les trois procès de Jésus »(2008)
Aux côtés de son épouse Ghislaine il était très actif à l'Association des écrivains du 7° arrondissement, qu'il présidait. A ce titre, il venait de recevoir la Médaille de la Ville de Paris pour son activité bénévole.
Notre Cercle avait reconnu en lui le mainteneur d'une tradition de la recherche appliquée au domaine de l'esthétique, spécialement en matière de poésie. Aussi avait-il été décidé de lui conférer le titre de Président d'honneur.
Son père, Jacques G. Krafft, (1890-1960) médecin, esprit scientifique, excellent connaisseur de la poésie et poète lui-même, s'inscrivait directement dans la ligne de ses maîtres, Etienne Souriau et Charles Lalo qui manifestaient beaucoup d'estime à ses travaux. C'est afin de rapprocher la réflexion approfondie sur l'activité d'écriture et les poètes eux-mêmes, que Jacques-G Krafft avait en 1950 organisé avec quelques amis, écrivains, artistes, universitaires, ces rencontres , placées sous le « patronage » de la Reine Aliénor d'Aquitaine, considérée comme emblématique, en cette Brasserie Lipp de Saint-Germain- des-prés où Monsieur Cazes les accueillait avec bienveillance.
Olivier, homme aux convictions très affirmées, participait attentivement aux activités du Cercle, et y témoignait avec éloquence, et non sans fougue et sans une cordiale vivacité, de sa conception stricte de la littérature. Il nous rappelait souvent les lois quasi-scientifiques qui doivent présider à la création du poème, comme elles sont le support de l'œuvre musicale dont elle est proche. Il offrait volontiers aux nouveaux membres un exemplaire de l'ouvrage de référence du fondateur du Cercle « Poésie corps et âme, étude sur l'esthétique de la poésie » publié en 1961 par la Librairie philosophique Vrin, qui venait comme en contrepoint de son précédent « Essai sur l'esthétique de la prose », préfacé par Charles Lalo.
Olivier Krafft aimait à évoquer sa famille : deux enfants, six petits enfants et deux arrière-petits enfants. A son épouse, à tous, nous tenons à dire notre reconnaissance et notre affectueuse sympathie.
Maurice Lestieux