lundi 30 décembre 2013

Samedi 11 janvier 2014 Daniel Martinez et Isabelle Lévesque : « Présentation de la revue Diérèse et du poète Thierry Metz »


 Aliénor

Cercle de poésie et d'esthétique Jacques G.Krafft

a reçu
Samedi 11 janvier 2014 à 16 h 15 précises

à la Brasserie Lipp (salle du 1er étage)
151, Boulevard Saint-Germain à Paris 6ème


Daniel Martinez et Isabelle Lévesque :

« Présentation de la revue Diérèse
et du poète
Thierry Metz »

Daniel Martinez, Isabelle Lévesque, Béatrice MArchal

Isabelle Lévesque

Daniel Martinez

Béatrice Marchal





lundi 16 décembre 2013


 INVITATION: HOMMAGE À MAURICE LESTIEUX



Le 21 janvier, à la Sorbonne, 20H30


Salut Maurice Lestieux !


"Salut Maurice" comme il aimait à dire "Salut Léo" levant son verre, jouant de mille reflets,

à l'heure où s’embrasent les vignes de Castellina del Chianti.

Un salut amical et chaleureux au poète Maurice Gravaud-Lestieux, son œuvre et son univers artistique,

en lectures, musiques et chansons, par quelques-uns de ses amis poètes, musiciens, comédiens ou peintres.

Sophie Rousseau, Véronique de Guitarre, Etienne Champollion, Bertrand Burgalat, Antoine Coesens,

Eric Guilleton, Damien Roquetty ...  et Matthias Vincenot,

accompagnés de l’Ensemble DécOUVRIR.



Nous serons très heureux de votre amicale présence

Le mardi 21 janvier, 20 heures 30, à la Sorbonne,
Amphithéâtre Richelieu.

Entrée libre, veuillez réserver à cette adresse

agenda-culturel@paris-sorbonne.fr




"Chaque voix a des mots, tout parle"

le dernier livre de Maurice Gravaud-Lestieux vient de sortir aux Editions Josse&Prache.

Bientôt disponible en librairie vous pouvez d’ores et déjà le commander directement,

chèque de 19€ -franco de port- à l'ordre de la Sté La Terrrasse, 132 bd Pereire 75017 Paris .


samedi 14 décembre 2013

Compte rendu de la séance du 14 Décembre 2013: Edmond Jabès, recherches … par Didier Cahen


 Compte rendu de la séance du 14 Décembre 2013:

Edmond Jabès,

recherches …

par

Didier Cahen

Béatrice Marchale, Présidente du Cercle, Didier Cahen Photographie © Muriel Bergasa
Béatrice Marchal, Présidente du Cercle, Didier Cahen
Photographie © Muriel Bergasa

La séance de décembre était donc consacrée à Edmond Jabès et présentée par Didier Cahen, poète, essayiste, producteur radio et notamment auteur de Edmond Jabès  publié chez Seghers en  2007 dans la collection Poètes d’aujourd’hui.
Afin de nous faire découvrir "le plus célèbre des inconnus", Didier Cahen nous propose de poser quelques jalons biographiques et bibliographiques de celui qu'il considère comme l'homme des ruptures. La première à sa naissance en Egypte en avril 1912, né le 12, il ne sera déclaré que le 14. Ce décalage donnera naissance dans son oeuvre à une incessante quête de son identité. De même s'il meurt à Paris le 2 janvier 1991, Gallimard inscrira comme date de décès dans sa fiche biographique le 4 janvier. Il naît dans une famille italienne, de banquiers et surtout une famille de culture française. Sa famille est juive mais d'une judaïté sociale plus que spirituelle. 
La seconde rupture surgira lors de la mort de sa sœur dans ses bras, alors qu'il n'a que 12 ans. Il part alors à la recherche d'une langue qui surgit à l'interstice de la vie et de la mort.
La troisième rupture surgira de sa rencontre avec le désert. Parti à sa découverte en voiture, il se retrouve en panne et ne doit sa survie qu'à un nomade. Cette nuit d'angoisse le force à écouter le silence.
Il écrit un premier texte de jeunesse Maman en 1927 qu'il reniera par la suite. En 1931 il publie Je t'attends et parallèlement débute son engagement politique et éthique. En 1935 il se marie avec Arlette. Seule femme de sa vie, elle l'accompagnera jusqu'au bout et décèdera quelques mois après lui. Cette même année il débarque à Paris et rencontre Max Jacob qui deviendra son mentor.
En 1943 il publie Les chansons pour les repas de l'ogre, texte qui laisse transparaître la figure et la voix pleine de Jabès poète:
                        Je suis à la recherche d’un homme que je ne connais pas,
                        qui jamais ne fut tant moi-même
                        que depuis que je le cherche.
                        A-t-il mes yeux,  mes mains
                        et toutes ces pensées pareilles
                        aux épaves de ce temps ?

Guy Chaty a fait lecture de quelques textes   Photographie © Muriel Bergasa
Guy Chaty a fait lecture de quelques textes 
Photographie © Muriel Bergasa

La troisième blessure, la plus violente sans doute sera celle en 1944 de la découverte des camps de concentration. Il ne peut arriver à comprendre comment la langue allemande qui a donné tant de poètes et d'artistes a pu véhiculer ces messages d'horreur et de destruction. Face à la Shoah, il s'interroge sur sa propre judaïté, lui le survivant et sur la langue, le langage poétique. Il se sent presque coupable d'avoir survécu. Il part alors à la recherche d'une poésie inouïe avec Je battis ma demeure, recueil rédigé entre 1943 et 1956 et publié par Gallimard.
Ce questionnement métaphysique le conduit à l'écriture du Livre des Questions en 1963 qui comporte au total 7 volumes. Interviennent dans le récit une série de rabbins imaginaires qui viennent répondre aux interrogations de Sarah et Yukel comme le souligne la dédicace du livre:
                        Aux sources hautes de la vie et de la mort révélées, À la poussière du puits, aux             rabins-poètes à qui j'ai prêté mes paroles et dont le nom, à travers les siècles, fut le mien ,à             Sarah et à Yukel, à ceux dont les chemins d'encre et de sang passent par les vocables et par les hommes, et plus près à toi, à nous, à toi. 

 Didier Cahen,  Photographie © Muriel Bergasa
 Didier Cahen
Photographie © Muriel Bergasa

Enfin la dernière blessure sera celle de l'exil. En effet il est forcé de tout abandonner lors de la crise du Canal de Suez en 1957, en raison de son origine juive. À Paris il commence par travailler dans une galerie de peinture puis comme juriste dans une entreprise de publicité. Il contribue à la création d'un dessin animé Le petit Lion. Cet éloignement de la terre natale tout comme les ruptures précédentes l'invitent à repenser sa judaïté et à s'interroger sur son rapport à la transcendance. Il part à la recherche de l'Autre, l'Etranger, lui même:
                        Nomade ou marin, toujours, entre l’étranger et l’étranger, il y a – mer ou désert – un             espace délinéé par le vertige auquel l’un et l’autre succombent.
            Voyage dans le voyage.
            Errance dans l’errance.
            L’homme est, d’abord, dans l’homme, comme le noyau dans le fruit, ou le grain de sel dans             l’océan.
            Et, pourtant, il est le fruit. Et, pourtant, il est la mer.
In Un étranger avec sous le bras un livre de petit format, Gallimard, 1989.

Les assistants étaient nombreux à la Brasserie Lipp pour écouter Didier Cahen   Photographie © Muriel Bergasa

Les assistants étaient nombreux à la Brasserie Lipp pour écouter Didier Cahen
 Photographie © Muriel Bergasa

À la fin de cette présentation, Didier Cahen a pu répondre aux diverses questions de l'assemblée notamment sur la réception de Jabès et sur ses liens avec la peinture.

samedi 7 décembre 2013

Hommage à Maurice Lestieux

©Bernard Fournier
12/10/13 Hommage à Maurice Lestieux
Notre ami Maurice, qui fut douze années durant le Président du Cercle Aliénor, nous a quittés le 25 août dernier et son départ nous a laissés dans la stupeur, tant sa bonté, son sourire, sa disponibilité cachaient les problèmes de santé qu’il pouvait rencontrer.
Je connaissais Maurice depuis bien moins de temps que beaucoup de ses amis et proches ici réunis mais dès notre première rencontre, la sympathie fut entre nous immédiate et spontanée, il m’est apparu comme « un être de lumière ».
Les horaires stricts qui nous sont imposés pour la conférence prévue de longue date font que nous ne pourrons aujourd’hui rendre qu’un bref hommage à notre ami poète ; aussi, en attendant de lui réserver une séance dans le programme de l’année prochaine, tenterons-nous de compenser la brièveté de notre évocation par la qualité des textes choisis et la sincérité des témoignages.
Je commencerai donc par me faire le porte-parole de Monique Gravaud, l’épouse de Maurice, qui prie les membres du Cercle Aliénor de croire en ses fidèles pensées et nous charge de lire ce poème en guise de remerciements à tous ceux à qui, faute d’adresse, elle n’a pu répondre personnellement :
Ecoute

Tant de soin ne peut être vain. Tant d’art
ne peut s’anéantir, ni tant d’amour
se perdre. Ecoute ce regard vibrant
jeté comme un cri, offert comme un
sourire, à chaque rive du bonheur.  (Maurice Lestieux)

Je me fais aussi le porte-parole de notre président d’honneur, Georges-Emmanuel Clancier qui, vraiment peiné, regrette vivement de ne pouvoir être présent et vous prie d’excuser son absence. Il témoigne aux proches et aux amis de Maurice toute l’estime qu’il a pour le poète très sincère qu’était Maurice Lestieux, saluant sa grande honnêteté d’esprit et sa conception exigeante de la poésie.  Georges-Emmanuel Clancier est reconnaissant à Maurice d’avoir animé de longues années le Cercle Aliénor et, dans le même sens qu’on parle d’hommes « de bonne volonté », il gratifie Maurice du titre de « poète de bonne volonté ».
Quelques amis proches de Maurice vont à présent apporter leur témoignage personnel :

Danièle Corre, qui succéda à Maurice, à la présidence d’Aliénor.

Passage de témoin
À Maurice Lestieux,

Toi qui as pris « la parole
par la main »1 et l’as conduite
sur des chemins de ferveur,
tu as dit « Tu sais, ce n’est pas moi qui dirai ton voyage.
Je glisserai pourtant au secret de ton bissac un
soupçon de festin pour les haltes désertes. »2
Voilà le jour venu où tu poses
le fardeau de douze années qui chantent encore
et te disent merci de les avoir aimées.

Tu veux t’émerveiller d’autres signes,
d’autres visages, d’autres discours,
tu nous laisses
jouer avec le feu, car « C’est un jeu,
c’est un jeu dangereux, le poème »3
écris-tu prudemment.

Tu veux poursuivre ailleurs
ta « quête d’azur aux fourches du figuier »4
avec nos mots vainement agrippés
à ton « écharpe de nuages »5.
Mais peut-on retenir
une force qui va,
avec « quelque intuition
de l’espace »6 ?

Tu veux chercher ailleurs,
loin de Saint-germain-des prés,
là-bas, vers le nord, « à l’autre bout
du temps, du rêve, de la question,
sur le versant secret de la parole,
la réponse juste. »7

Reviens nous instruire
ensuite du « soir lucide et doux »8,
« des humbles cargaisons de vouloir vivre ensemble »9
et nous tenir dans tes bras
« à grandes enjambées du cœur »10.


Danièle Corre
6 janvier 2010
Elisabeth Dolet-Launay lit un poème qu’elle avait composé pour Maurice :

A Maurice Lestieux


Connaissez-vous la bonté même ?
La bonté même, c’est un monsieur
Dont le visage et dont les yeux
Etrangement brillent, plus que gemme.

A chacun de ses pas il sème
Des étoiles, que l’on croit aux cieux.
Connaissez-vous la bonté même ?
La bonté même, c’est un monsieur

Partageant chanson ou poème,
Il suit chemin délicieux,
L’air doux, miséricordieux.
On le croise ? Aussitôt on l’aime !
Connaissez-vous la bonté même ?

Elisabeth Launay-Dolet  2006

Jean-François Blavin :
Je voudrais seulement évoquer aujourd’hui une forme de complicité amicale que j’avais nouée avec Maurice autour d’un personnage ayant vécu de 1330 à 1418, devenu légendaire, Nicolas Flamel.
Maurice avait eu un sourire joyeux, teinté d’espièglerie en découvrant que j’habitais à Paris, rue de Montmorency, et il me parla sur le champ de la fameuse Auberge du dit Nicolas Flamel et de dame Pernelle, sise à quelques pas de mon domicile.
Ce présumé alchimiste le fascinait, il me révéla alors qu’il avait écrit une pièce de théâtre en 1984 consacrée à cette figure de l’histoire de Paris et me remit son manuscrit intitulé « L’or de Dieu », avec en sous-titre « Le vray secret de Nicolas Flamel ».
Je découvris alors cette belle écriture théâtrale et, pour achever mon propos, je voudrais vous faire partager deux citations extraites de son opus où l’on retrouve tellement et le poète et l’homme d’interrogation philosophique.
Première réplique de Nicolas Flamel à ceux qui l’interrogent :
« Il faut se lever. Il faut partir comme les mages à la poursuite de l’étoile même si l’on n’arrive jamais. Quelque autre, un jour, arrivera ». 
Enfin, dernière réplique du maître alchimiste : « J’ai réussi à purifier le métal, mais pas encore à purifier l’homme ». (Jean-François Blavin)
Lisons enfin quelques poèmes de Maurice. En voici trois, sur le thème du silence, récités en décembre 2000, lors d’une rencontre chez Paul Farellier, autour de Maurice Lestieux et de Katty Verny-Dugelay (qui nous a procuré les textes) :
Le poème
Car il est temps de faire silence
ou presque. Peu de mots
sur la page. Peu de lignes
sur l’œuvre. L’unisson
de la parole et du regard
enfin trouvé. Le voici
dans la nudité suprême
de la parole, le jaillissement
de la couleur offerte
comme un battement d’espace
un frémissement du cœur,
le poème. (Maurice Lestieux)

Silence
Silence est l’autre nom de la parole
et de l’infinitude de l’espace,
il nous fallut imaginer des mots,
recréer, sans erreur, le monde en le
nommant. Comme le peintre en la distance
inaugure la beauté du soleil.
Silence est l’autre nom d’éternité.

Seulement
L’enfant qui marche
dans les blés,
on voit seulement les épis
qui tremblent
un peu.
La mer qui danse
sous le vent
on sent seulement
le sel
des embruns précurseurs.
L’amour qui marche
dans le cœur,
on entend seulement
le silence.

Guy Chaty va nous lire « L’homme, au milieu du monde », qui témoigne de l’humanisme de Maurice.
Maurice avait la foi chevillée au cœur, et l’hommage que nous tentons de lui rendre serait incomplet si nous n’évoquions pas la dimension chrétienne de ce poète. En témoignent ce passage d’ « Un certain Simon de Cyrène », lu par Bernard Fournier et enfin le poème « Le figuier et moi » (lu par Guy Chaty), où l’assurance du retour est l’autre nom de l’espérance.  

Béatrice Marchal, Présidente du Cercle Aliénor.