Prix Aliénor 2017: Marie-Lise Corneille, L’Or du désir.


Marie-Lise Corneille, L’Or du désir, Prix Aliénor 2017, L’Harmattan, juin 2017.


Marie-Lise Corneille, L’Or du désir, Prix Aliénor 2017, L’Harmattan, juin 201
Marie-Lise Corneille, L’Or du désir, Prix Aliénor 2017, L’Harmattan, juin 2017


L’Or du désir
Ce qui frappe d’abord, c’est le choix de l’image, dans une poésie où l’amour de la vie se traduit par un intérêt passionné pour toutes les réalités qui la composent, des plus majestueuses aux plus banales : ainsi les montagnes – « Figées/ Les roches prennent la pose,// Lévitent, Incandescentes, Angéliques,// Dans le midi de notre désir » –, mais aussi le stylo « niché dans l’urne de trois doigts », le portable « cerveau de poche », la route qu’épluche « le couteau/ D’un phare de voiture », ou encore les applaudissements produits par des « mains crotales » qui tiennent autant de l’instrument de musique que du dangereux serpent. Si furtives que soient les scènes saisies dans le quotidien, l’acuité du regard est toujours là, souvent empreinte d’humour, voire d’ironie, auxquels s’allie la profondeur comme dans ce « photomaton » où la poète saisit à la fois ses « cernes de chouette » et son visage « jeté dans le vide/ […] passeport/ pour la mort ».
Car si la volonté de définir au mieux la réalité se fait, chez Marie-Lise Corneille, à travers le prisme d’une véritable poésie – « La mer, grande huître grasse/ Sous les dièses de la lumière » –, elle est souvent empreinte d’une touche philosophique, juste assez légère pour interroger le sens de la vie. En témoignent de très courts poèmes, dont la concision fait mouche : « L’éphémère est la racine de l’éternel ». Pourtant s’imposent, surtout vers la fin du recueil, des textes plus longs, sous forme de dialogues ou d’historiettes dont l’« inquiétante étrangeté » peut faire écho à l’univers d’un Beckett ou Hopper, à moins qu’elle ne relève de ce thème de la migration et de l’exode qui parcourt discrètement le recueil, illustré par les oiseaux, les bateaux ou d’hommes dont l’exil est intérieur.
Toutefois ces bémols, chez une poète qui est aussi musicienne, ne masquent pas son credo que « le rien n’existe pas ». Marie-Lise Corneille est une femme dont « l’esprit en nacelle » la garde, elle et ses lecteurs, « en paradis-ciel ». Par son regard à la fois lucide et lumineux, par une sagesse qui est fruit des souffrances surmontées, sa poésie se veut goût de la vie et indéracinable foi en cette dernière.
Béatrice Marchal













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