vendredi 21 octobre 2011

Mémoire et archives littéraires
par Claire Paulhan

Mon travail "est un devoir, une responsabilité et une charge ", "un devoir de préservation, de transmission."
Claire Paulhan











photos prises lors de la séance
du 8 octobre 2011
par Muriel Bergasa

lundi 13 juin 2011

Remise du Prix Aliénor 2010 - Claudine BOHI





Même pas
Claudine Bohi

éditions Le bruit des autres
prix Aliénor 2010

Il s'agit ici d'un recueil composé de deux parties où s'exprime, sans ponctuation, - sauf des points d' interrogation - dans l'espace de la page, le cri silencieux de l'être brusquement renvoyé à sa solitude, jeté hors du monde des vivants ordinaires.

Les mots sont là pourtant pour dire, mais "le sac des mots est tombé/ il a éclaté" (p13). "Les mots n'ont pas d'appui" (p39) "Tous les mots/ sont pliés muets" (p.64). La syntaxe se brise. Dès la 1ère partie, le rythme adopte la respiration courte de celui qui cherche son souffle, se heurte à de lancinantes questions auxquelles personne ne répond: "vers qui entendre/ tu ne sais pas. vers qui aller...vers qui trouver" (p.31)
" Venant de si long/ chacun fait halte en l'autre/ chacun repart/ vers où? " (p.57)

Cependant, il faut avancer, avec tout son corps meurtri: "il faut avancer dans la chair/ fendre la glace" (p.14), "avec ce quelque chose d'arraché/ tout au fond" (p.29), "ranger la peau sous la chair vive" (p.64)

Le "tu", pronom personnel utilisé en première partie, fait place au pronom indéfini "on" dans la seconde où, malgré la conscience aiguë du corps douloureux, l'identité se perd dans le grand mouvement des vivants, - parmi "ceux qui tournent sur les boulevards/ circulaires les passants de notre vie" (p.77) -, "dans le grand bazar humain qui pleure au fond/ qui se déchire qui se fracasse" (p.78).

Le remède pour moins souffrir serait-il de "s'asseoir dans/ le couloir on ne fait pas de bruit on ne/ se dérange pas soi-même" (p.80) ? La ronde des mots emporte de page en page dans un flux de plus en plus large: "on dessine la vie avec les lèvres" (p.84), "on prend sa place dans le cortège on va" (p.85) puisque le poète appartient à la communauté humaine: "on a fait son devoir" (p.85), se demandant si le chagrin ne va pas détruire l'être entier, si faire semblant suffit. "On est séparé des autres par un verre transparent" (p.94); "On a du mal avec/ nos rôles personne ne veut nous applaudir/ on joue tout de travers" (p.93). Quel repos serait de se glisser dans l'existence de ceux qui sont sûrs d'eux-mêmes et de parler avec leurs voix!

L'interrogation du poète est la nôtre: qu'avons-nous décidé de nos vies ? Qui sommes-nous? Nous connaissons-nous, puisque nous nous découvrons sans cesse à chaque heurt du chemin qu'il nous est donné de parcourir ?
" on s'est trompé peut-être on est resté dans notre/ enfance c'est elle qui dure encore ce n'est pas bien on/ n'est pas raisonnable c'est ça qui nous fait mal il faut/ bien accepter..." (p.99)

Si le recueil se termine sur le constat de la séparation des êtres: "on est des parallèles on ne se croise pas/ ne se rencontre pas..." sur la proposition du refus d'aimer afin d'éviter toute souffrance, le poète se révolte: "n'aimer rien personne/ juste soi-même mais nous on ne veut pas mais nous/ on ne peut pas on n'arrive pas..." (p. 100)

Aussi, en attribuant le prix Aliénor 2010 - prix anniversaire des 60 ans du cercle Aliénor- à Claudine Bohi, qui a su si bien exprimer la douleur universelle de l'être abandonné à sa seule existence, au rien immense qui toujours menace, nous lui proposons ce que nous offre la page 92 de son recueil:

"ouvrir ses mains dans la lumière se laisser
réchauffer bercer dorloter se délasser
se défaire en somme du poids de l'invisible"

Danièle Corre

le 11 juin 2011

lundi 30 mai 2011

Jean-Pierre LEMAIRE présenté par Jeanne-Marie BAUDE, le 14 mai 2011

Toutes les voix se posent
sur les balcons, les branches, les fils parallèles
qui traversent ton cœur.
Toutes sont accordées.
Tu cherches des yeux au sommet des arbres,
entre les nuages,
l'ange silencieux qui t'a rapporté
la mesure et la clef.

Figure humaine p.72

Jean-Pierre Lemaire





mardi 19 avril 2011

Richard ROGNET "Dans les méandres des saisons" présenté par Danièle CORRE, le 9 avril 2011

"le bonheur
de voir s'ancrer
l'aurore dans le grand
corps du jour, voilà
ce qu'il faudrait qu'un
poème célèbre -à jamais"
p.109 Un peu d'ombre sera la réponse







dimanche 13 mars 2011

"Robert DESNOS dans Paris" par Marie-Claire DUMAS

quelques photos de la séance du samedi 12 mars 2011:










de Robert Desnos:
Je suis le veilleur du Pont-au-Change
Et je vous salue, au seuil du jour promis
Vous tous camarades de la rue de Flandre à la Poterne des Peupliers,
Du Point-du-Jour à la Porte Dorée...
"le veilleur du Pont-au-Change", signé Valentin Guillois, paraît dans l'Honneur des Poètes II, en mai 1944.

dimanche 13 février 2011

Sur les pas de Jacques AUDIBERTI

par Marie-Louise Audiberti, sa fille, Laurent Ponty, son petit-fils, Claude Lehmann, président des Amis de Jacques Audiberti.

Photos de la séance du samedi 12 février 2011









"en quête d'un argot universel, d'une langue enfin possible, entre l'oral et l'écrit"
préface de Georges PERROS à "Ange aux entrailles" Poésie/ Gallimard

lundi 17 janvier 2011

Georges PERROS par Thierry GILLYBOEUF

Quelques photos de la rencontre du 8 janvier qui confirme le mot de Georges Perros :
"Faut aimer la vie".




mardi 14 décembre 2010

"Les deux âmes de Frédéric CHOPIN" par Jean-Yves CLEMENT le 11 décembre 2010


Jean-Yves Clément











" Un aspect qui nous rapproche, c'est ce style aphoristique et lapidaire qui caractérise sa musique et influence ma façon d'écrire. "

mercredi 3 novembre 2010

Les "gouttes de lumière" de Joseph JOUBERT par Jean-Luc DAUPHIN, le 13 novembre



"Il me tombe des étoiles de l'esprit"
Joseph Joubert



Les « gouttes de lumière »
de Joseph JOUBERT :
une poétique de la sagesse.


par Jean-Luc DAUPHIN

dimanche 10 octobre 2010

Cécile SAUVAGE, de la poésie à la musique par Béatrice MARCHAL

Quelques photos de la rencontre "Cécile Sauvage, de la poésie à la musique" ayant eu lieu au Cercle le Samedi 9 octobre 2010...



"Je souffre d'un lointain musical que j'ignore"
"Je ne serai jamais guérie de la douceur de vivre"
Cécile Sauvage

par Béatrice MARCHAL


mardi 5 octobre 2010

Hommage à Robert-Huges Boulin

Robert-Hugues BOULIN, poète aveugle, apportait sans cesse la preuve qu’il était voyant, au quotidien, comme dans sa poésie. Ses Images (titre de l’un de ses plus récents livres) le portaient, donnant à sa Cité intérieure (titre de l’un de ses premiers livres), un regard, un imaginaire aux couleurs plus chatoyantes que chez la plupart des autres poètes.
Robert, qui a longtemps fait partie de notre Comité, d’emblée nous reconnaissait à la voix, et sans la moindre hésitation nous saluait par notre prénom, et la chaleur de son timbre répondait à notre émotion.
Lucide sur son destin : Je ne suis né que pour mourir (Jetés a vent), il n’en demeurait pas moins transmetteur d’une parole de vie. Il a bâtit une œuvre aux multiples facettes : poèmes en vers libres, poèmes en forme classique, proses poétiques, nouvelles : Les mots cherchent le mot / les idées se courtisent (très belle leçon de poésie mise en lumière par son éditeur et ami, Thierry Sajat dans la préface de La Grande symphonie).
Il s’était rapproché de Pierre Esperbé - son cadet de quelques mois qui l'a cependant devancé dans la mort -, lorsqu’il avait découvert que les parents de celui-ci, tous deux aveugles, avaient également vécu à l’institut de Saint-Mandé, qu’ils avaient connu ses propres parents. La poésie et l’amitié amplifièrent leur complicité.
Les mots lui servaient à ouvrir de nouveaux chemins. La poésie, l’humour – et même l’autodérision -, l’amour, l’aidaient à se tenir debout, en homme chaleureux, arbre sans cesse revivifié dans sa quête d’une nature qui serait en harmonie avec l’humanité : Si je crois en l’homme / je doute de ses actes (Jetés au vent). Certains de ses vers ressemblent à des maximes : On ne fait pas de feu avec des cendres froides (Jetés au vent). Mais sa philosophie lui permettait surtout le dialogue avec les autres. Depuis la disparition de son épouse aimée, - également fidèle à nos réunions de poésie - il avait su se recréer un monde à la dimension de son élan poétique : L’homme éphémère appartient à l’éternité. Humble cependant, au service de ses compagnons. Son rafiot, écrit-il dans Images s’appelle Petit bonheur.
Son œuvre s’achève par La grande symphonie – parue en ce début d’été –. Il était conscient qu’il s’agissait là de ses dernières notes (titre d’ailleurs du dernier poème de ce recueil). Et avec ses derniers mots, je vous invite à le relire, à le remercier d'avoir été cet éveilleur de mots, à penser à lui, pour qu’il demeure vivant, dans la permanence du poème : Puisque vous êtes Lumière / au cœur de la nuit.

Colette Klein