dimanche 10 janvier 2010

Prix Aliénor 2009 décerné à Monique Labidoire

Le Prix Aliénor 2009 a été décerné à Monique Labidoire pour son recueil Requiem pour les mots paru aux éditions Editinter.




De gauche à droite : Maurice Lestieux, Monique Labidoire, 
Danièle Corre et Olivier Krafft




Discours de Danièle Corre, Présidente du Cercle : 

Si nous sommes ensemble aujourd’hui, c’est grâce au pouvoir des mots du poème qui nous fascinent, sans que nous puissions dire vraiment pourquoi. Il s’agit toujours d’une fête des mots dans laquelle nous nous reconnaissons. Or, Monique Labidoire nous invite à un Requiem pour les mots, dans un ouvrage de prose que nous avons reconnu et primé.

Ne faisons pas, par ailleurs, le rapprochement audacieux du choix d’un chant pour les mots, portant ce titre, avec le moment où Maurice Lestieux laisse son fauteuil de président. Les mots sont bien vivants et Maurice ne nous quitte qu’à moitié.

Sans doute les mots sont-ils impuissants à ramener parmi nous ceux qui ont disparu : à l’auteur, à Monique, de « retenir le souffle du passage en fol battement d’amour ». Sans doute, « la route fut déjà longue et dans les interstices des pierres, les mots cachés resteront muets et tremblants ». Sans doute, oubliant la phrase et les éléments de beauté qui la constituent, « les onomatopées ont gagné le terrain vague du langage ». Que dire aussi de certains jeux vains d’une poésie qui reste extérieure à son créateur ? « Quel poème surgira aujourd’hui de la source quand le sourcier lui-même quitte ses traces ».

Marquant des paliers d’existence, en liste de mots à la manière d’Annie Ernaux dans les Années, le constat se fait: « Les mots s’écrivent dans la tête et se mêlent aux mots de radio, du théâtre, de la musique, du ronflement du poêle, du soulier du voisin qui tombe lourdement sur le plancher. » Les mots ont à mener un rude combat pour être reconnus: ils « s’engagent, armés jusqu’aux dents, grenades amorcées ».

Malgré les douleurs, les constats d’horreur, les « mots saignants qui n’ont rien d’autre à faire que déchirer toutes les pages du livre », l’espoir, aussi faible soit-il, demeure, car intrinsèquement, « le poème porte l’espérance, il chante au plus haut des mots de douceur ».

Comment ne pas s’attarder sur cette ligne à graver au cœur de chacun ?:

« Gloire au jour persévérant de sève » !

et sur la dernière page :

« Le poème est là. Ne le cherchez plus.

Place au poème. » .


Danièle Corre
le 6 janvier 2010

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